Marion Jones : condamnée pour l’exemple

L’ancienne athlète, Marion Jones passera par la case prison. Condamnée vendredi à six mois fermes pour avoir menti aux enquêteurs fédéraux à trois reprises. Coupable de parjure plus que d’avoir triché, elle paye cash les investigations de l’affaire Balco.

Acculée, soupçonnée, elle avoue finalement la prise de stéroides dès 1999. Jamais déclarée positive, elle est au centre d’un paradoxe : comment inciter les autres athlètes à se confier si on l’envoie en prison ?
L’entourage de la Carl Lewis au féminin; ses maris CJ Hunter et Tim Montgommery (tous deux convaincus de dopage), ses entraîneurs Trevor Graham et Charlie Francis (ex entraîneur de Ben Jonhson…), son nutritionniste Victor Conte (impliqué par Balco), pas un n’échappe aux pratiques illégales généralisées dans des camps d’entraînement. Ce sont ses adversaires les plus proches dont on devine bien qu’elles n’ont guère pu rivaliser avec de l’eau même pétillante.

Dopage: l’or en vaut la peine

A quelques mois des jeux de Pékin dans une Chine qui déclare lutter contre le dopage, nul doute qu’il sera un peu oublié au profit d’un émerveillement faussement naîf devant des performances exceptionnelles…

Dominer le monde lors des rencontres internationales d’abord, dominer le monde par la profusion et la sur-médiatisation de certains sports ensuite comme le basket, le football américain, le hockey sur glace et le base-ball. Quatre axes cardinaux du sport US qui attirent les meilleurs de la planète dans une concurrence exacerbée et à un rythme d’enfer. Mais sans dommages.
Bien sur, de temps à autre une star du base-ball exagère sur les doses, un linebacker prend un peu trop de volume ou est victime d’un malaise suspect mais les fédérations passent vite l’éponge. « The Show must go on ». Et pendant ce temps, nos basketteurs NBA virevoltent 80 matchs durant sans sourciller.

Il y a de l’injustice dans ce traitement médiatique orienté, de l’hypocrisie dans cette individualisation de la peine ainsi que de l’inquiétude sur l’avenir de ces organismes surexploités. Mais il existe la même injustice, la même hypocrisie, la même inquiétude lorsque l’on triche tout au long d’une carrière, sacrifiant ainsi des athlètes « propres » battus par plus « chargés » qu’eux et salissant l’image du vainqueur, du bonheur, de la réussite et du travail nécessaire à la victoire.

L.B.